La safranière de l'Ourika

Sur mon dernier billet, je vous ai montré une fleur mauve que j'ai prise pour un crocus. 

Alors excusez-moi : errare humanum est, ce n'était pas du tout un crocus. J'avais le souvenir de ces feuilles grasses, bah non. Les feuilles de crocus ressemblent à de la ciboulette, et la période de floraison est octobre-novembre. 

Ma rencontre avec cette fleur inconnue, donc, m'a donné envie de visiter une safranière. 

En plus je croyais que comme la primevère, on était dans la bonne période.....

Alors nous voilà partis, au km 34 de la route de l'ourika, à la ferme boutouil à Tahateret.

Pas facile à trouver, autant demander quand on approche de la borne kilométrique.

 Nous sonnons et rentrons dans ce paradis perdu. Moi, j'ai envie de faire le plein de senteurs...

Cette ferme produit essentiellement le safran, mais ils font aussi des huiles essentielles et ont tout un jardin aromatique, lavande, romarin, menthe, thym, géranium (il y a une certaine variété qu'on met dans le thé à la menthe)... Et beaucoup d'orangers, citronniers, arganiers....

Avant de pénétrer dans l'espace dédié à l'extraction et à la connaissance du safran, notre guide nous emmène voir de plus près les champs de crocus.

Nous croisons ce figuier tout nu, qui va recouvrer bientôt feuilles et fruits. Et la verdure tout autour, sont des plants de crocus sativus!

Quelques chèvres alpines broutent tranquillement les feuilles de crocus ; rien à craindre elles sont en hibernation. Ce n'est qu'après l'été, qu'on va arroser et attendre la germination et la floraison.

 Donc, je veux un ânon et un chevreau.

 Saviez-vous que les chèvres, n'ont des dents qu'à la rangée du bas????

Bon, en fait, dans les champs, y a rien à voir puisqu'on est pas du tout dans la période....

Donc nous retournons dans le petit riad, qui explique, comme un petit musée, toutes les étapes de la cueillette du safran.

Je vous fais un petit résumé quand même...
La fleur de crocus a 6 pétales mauves, 3 étamines jaunes, 1 pistil avec au bout, 3 stigmates rouges qui donneront le safran.
La cueillette des fleurs (exclusivement en novembre)se fait au petit matin avant que la fleur ne s'ouvre. Elle nécessite 40 personne/ hectare et dure environ 1h30/2h chaque matin. La fleur est cueillie fermée, dans un état encore "vierge" de poussière, d'air, d'oxydation et pour la protéger des traumatismes de la cueillette. La fleur va être émondée, et la partie rouge sélectionnée. Les stigmates vont être séchés (certains les sècheront pendant 2-3 jours au soleil) mais, ici ils utilisent un appareil électrique qui sèchera en 2 heures. C'est le monsieur lui-même qui s'isole dans l'obscurité, posera 50 stigmates par étage et va minuter le séchage. Chaque stigmate perdra 4/5ème de son poids. Au final, le brin doit être rouge et très droit, pas incurvé ; ni trop sec, ni trop humide, tout est dans cette technique.

Le saint-grâal, rouge sang!

Il nous l'a sorti d'une malle cadenassée. A votre avis, combien vaut ce bocal???

 1 gramme de safran sec = 150 fleurs = 150 dhs soit 15 euros.

 Le bocal au dessus de 100 grammes vaut 1500 euros, ou 15000 dirhams !!

Le petit pot que je tiens, en vente à la ferme contient 2 grammes à 300 dhs.

 Alors un conseil : méfiez-vous des contre-façons  sur la place Jemaa El Fna!!!
Le guide nous racontait, qu'il a même vu des organes de poulet peints en rouge vendus comme étant du safran.....! et pleins d'autres anecdotes...

Après toutes ces émotions, il fait bon de s'asseoir sous un citronnier, déguster un thé arômatique... à bavarder avec 1 breton et 2 japonaises, et à parler de sushis!!

 La source du village. Dur, dur de pomper!! Nawal a enfin réussi!

Allez un petit schmililblick fastoche!  pour vous rafraîchir la mémoire un peu!

kezako???

Moi, je note dans mon agenda de revenir au mois de Novembre admirer les champs mauves et le travail méticuleux de ces femmes.... et puis si vous voulez vous enrichir en jardinant et pas dans l'illégalité.... plantez des crocus!!!